La glande mammaire est composée de deux compartiments principaux, soient l’épithélium et le stroma (Figure 1). Son développement et sa différentiation se déroulent principalement après la naissance sous l’influence d’une signalisation endocrine complexe. La communication bidirectionnelle entre l’épithélium et le stroma est cruciale pour le développement et la fonction du sein. Le stroma soutient physiquement et nutritionnellement l’épithélium et influence son développement par le biais d’interactions physiques et chimiques. Réciproquement, l’épithélium influence la composition du stroma, i.e. le microenvironnement adjacent.

Ainsi, un nombre grandissant d’études démontrent qu’au cours de la cancérogenèse, ce microenvironnement joue un rôle primordial dans la progression tumorale. Cependant, très peu de données sont disponibles quant à son rôle lors du développement. L’épithélium, quant à lui, est formé de deux couches de cellules : une couche de cellules luminales entourée d’une couche de cellules basales, majoritairement composée de cellules myoépithéliales (Figure 1). Les jonctions intercellulaires, fortement impliquées dans les interactions entre les cellules luminales et myoépithéliales, forment un nexus dynamique dont la composition varie en fonction des différents stades de développement de la glande mammaire. Cette observation suggère deux choses : 1) les besoins fonctionnels propres à chaque stade sont associés à la composition du nexus, et 2) la régulation des interactions cellulaires est vraisemblablement liée aux changements hormonaux contrôlant le développement de la glande mammaire. 

De plus, de nombreuses études démontrent que les interactions cellulaires sont dérégulées au cours de la cancérogenèse, supportant leur rôle crucial pour l’homéostasie des tissus. 

Ainsi, mieux comprendre comment la communication bidirectionnelle entre le stroma et l’épithélium, mais également entre les deux couches épithéliales, influence le développement normal de la glande mammaire mènera à une meilleure évaluation du processus de cancérogenèse.

Figure 2 : Représentation schématique de la structure de la glande mammaire, de la progression du cancer du sein et des modèles utilisés par notre équipe pour imiter les différentes étapes. L’épithélium mammaire est formé de lobes attachés à un système de conduits ramifiés. Il comprend deux couches de cellules : une couche interne de cellules luminales entourée d’une couche externe de cellules basales, principalement composée de cellules myoépithéliales, reposant sur une membrane basale (non représentée). Au cours de la progression du cancer, le myoépithélium et la membrane basale disparaissent. Les modèles LCS et BLA, représentatifs de l’épithélium humain, peuvent être utilisés pour évaluer la formation d’un épithélium normal et comment il est affecté par l’exposition à des molécules exogènes et peut se dédifférencier pour entrer dans les premières étapes de la carcinogenèse, tandis que les tumeurs artificielles et les modèles de poisson zèbre peuvent être utilisés pour élucider les mécanismes conduisant à la progression des tumeurs mammaires des cellules initiées.